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Déclaration de Mgr Pierre-André Fournier,archevêque de Rimouski et président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec lors de la conférence de presse du 19 septembre 2013 Abordons maintenant le deuxième sujet annoncé, toutes les questions entourant l’État et le fait religieux.
Dans tout État démocratique, le gouvernement a un rôle fondamental à jouer pour assurer ce que le préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme appelle « le respect universel et effectif » des droits et libertés. Et ce respect inclut celui de la liberté de religion.
Jouir de la liberté de religion, c’est bien sûr pouvoir librement se réunir avec d’autres croyants pour la prière et le culte. Mais c’est encore davantage. D’après la Déclaration universelle, le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion implique «la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seul ou en commun, tant en public qu’en privé, » (Article 18). Il s’agit là, il faut le noter, d’un droit fondamental et non d’une concession ou d’un privilège que les États accorderaient à leurs citoyens.
Il est tout à fait raisonnable de vouloir un État laïque. Jésus n’a pas hésité à af?rmer : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 21). S’il est vrai que l’État est laïque, la société demeure pluraliste.
Sur le plan spirituel et religieux, les gens sont libres de croire ou de ne pas croire. Pas de religion of?cielle. Mais pas d’athéisme of?ciel non plus.
C’est ça la neutralité. L’État respecte ce que les gens vivent et expriment. S’il est vraiment neutre, il va même prendre les mesures pour s’assurer que les gens peuvent vivre leur foi ou leur incroyance et l’exprimer librement. La neutralité et la laïcité n’existent pas pour restreindre le développement des religions mais pour créer un milieu où chaque personne jouit effectivement de la liberté de conscience et de religion.
Il est tout à fait raisonnable pour un gouvernement de vouloir donner des balises pour encadrer les demandes d’accommodements pour des raisons religieuses. Il en va du bons sens pour notre vivre ensemble. Cela évitera des situations pénibles inutiles.
Sauf quelques exceptions, qui devront être déterminées par le gouvernement, il ne nous apparaît pas nécessaire de restreindre les employés des services publics dans le port de signes religieux. Ce qui importe d’abord pour les personnes en service public, c’est leur compétence, leur accueil, leur respect.
Le débat entourant ces questions importantes a déjà causé beaucoup de fractures dans notre société québécoise. Ne serait-il pas bon de penser à notre avenir en maintenant un niveau de dialogue con?ant et serein ?
Notre Québec arrive à une nouvelle étape de son histoire, une étape où il doit relever des dé?s dans un monde de plus en plus diversi?é où les différences de convictions et de croyances doivent favoriser notre développement collectif. Nous, les évêques catholiques du Québec, sommes heureux de participer à ce débat de société et d’apporter notre contribution au devenir du Québec.